C’est les pinceaux à la main que ce révolutionnaire tchèque, paradoxalement peu connu du grand public français, a marqué le XXème siècle. František Kupka, né en 1871 et mort en 1957 à l’age de 85 ans, compte évidemment parmi les pères de l’art abstrait avec Vassili Kandinsky, Gino Severini, Piet Mondrian, Kasimir Malevitch, Auguste Herbin et Robert Delaunay.
C’est en 1912 que le Salon d’automne accepte d’exposer des œuvres non-figuratives comme Fugue en deux couleurs. Au Salon des Indépendants, Kupka est exposé avec les peintres cubistes, mouvement qui l’intéresse beaucoup, mais il refuse d’y être assimilé.
Kupka écrira d’ailleurs dans La Création dans les arts plastiques : « Les expériences réalisées par Picasso et Braque sont intéressantes comme tentatives pour approcher la nature autrement que n’avaient fait les peintres du passé. Mais elles n’aboutissent qu’à une interprétation de plus. »
Kupka arrive à l’abstraction après un long travail de recherche. À partir de 1908, ses illustrations dans sa revue Prométhée traduisent une grande recherche artistique : Kupka s’interroge longuement sur la perspective, faisant de nombreux essais, dans ses illustrations mais aussi dans ses tableaux, Les Touches de piano (1909) ou Grand Nu (1909).
Il étudie également le mouvement à travers le tableau Femme cueillant des fleurs (1909-1910). Ses personnages deviennent peu à peu flous, comme dans une photographie « bougée ».
Le mouvement et le temps sont travaillés par les ombres et par les changements de couleur de la gauche vers la droite du tableau. Il produit ensuite une toile intitulée Madame Kupka parmi les verticales (1910-1911), sur laquelle le visage de sa femme est enfermé entre des traits verticaux. Dès lors, les formes géométriques s’imposent à lui, et il passe dans l’abstraction.
Kupka se révèle alors comme l’un des protagonistes majeurs de la peinture abstraite avec des toiles, rythmées en gammes colorées et musicales qui vibrent toutes de l’énergie, du mouvement, de la fluidité de la vie.