Takahiro Kondo prend la pose entre Guimet


Le musée national asiatiques – Guimet vient d’acquérir une oeuvre de Takahiro Kondo. Dans « Reduction », unique oeuvre de l’artiste présentée en Europe, Kondo répond à la tragédie de Fukushima de 2011, par un moulage à échelle réduite de son corps, adoptant une position yogique, celle du padsama, où il retient son souffle.

Takahiro Kondo est considéré comme un des plus grands artistes contemporains japonais, enraciné dans une pratique, celle de la céramique, dont il fait un mode d’expression universelle.

Après 2011, date du tremblement de terre de magnitude 9 et du tsunami qui ravagea le Tohoku, causa la mort de 18 000 personnes et raviva la peur de la menace nucléaire, Takahiro Kondo a éprouvé le besoin de répondre par son art à la catastrophe.

Il crée, à partir de 2014, une série de sculptures de porcelaine à partir d’un moulage fait sur son corps. Après cuisson, la pièce connaît une réduction d’environ 20% de la taille d’origine. L’oeuvre ainsi obtenu est d’une frappante présence.

Il adopte une posture yogique aisément reconnaissable, celle du padmasana, jambes croisées, pied sur la caisse de la jambe opposée, dos droit, tête alignée, mains posées dans le giron, genoux touchant le sol.

On note le creusement sous la cage thoracique, indiquant que le souffle est retenu dans les poumons. La matérialité de l’oeuvre pointe la possibilité d’un retour aux sources – le bouddhisme, les éléments (terres mêlées, eau matérialisée par la glaçure), la méditation, le don de soi – et en tempère ainsi la lecture dramatique.

La glaçure gintekisai, caractéristique de Kondo illustre son intérêt pour l’eau sous tous ses états (liquide, brouillard, glace, vapeur…) autant qu’elle fait référence à la radioactivité.

L’oeuvre se laisse appréhender par des prismes variés : effigie mémorielle, dédiée aux disparus en un memento mori bouddhiste ; « réduction » suggérant les terribles effets de la catastrophe – la diminution, voire la disparition de l’humanité – ; renonçant ou arhat méditant jusqu’à la mort dans la tradition du bouddhisme tantrique notamment ; figure archétypale d’un saint homme bouddhiste pratiquant le contrôle de son souffle par le yoga ; ou encore effigie du Bouddha lui-même saisi en sa phase ascétique. Image de vie comme image de mort, l’oeuvre de Kondo apparaît d’une profonde versatilité ; elle fonde sa tragique et universelle grandeur.





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