Vienne reste un tourbillon. Il y a quantité de nouveautés à y découvrir. Et pourtant ses quartiers branchés, son avant-garde artistique ne masquent toujours que timidement la Vienne impériale. Au regret des uns. Au grand bonheur des autres.
Existe-t-il une épigénétique des peuples, capable de leur donner une identité culturelle quasi-génétique ? Vienne serait à coup sûr un terrain d’étude idéal pour des scientifiques. Aucun doute pourtant : l’Autriche d’aujourd’hui est une démocratie mais qui conserve sans même le rechercher, quelque chose de l’esprit impérial.
L’architecture homogène du long règne de la dynastie des Habsbourg, qui en forme le cadre de la vie quotidienne n’y est pas pour peu.
Il n’est jamais indifférent de marcher dans les pas des Beethoven, Mozart, Mahler, Zweig, Schnitzler, Freud, Klimt, Schiele, Strauss et tant d’autres qui hantent cette ville. On peut aller régulièrement y réviser sa culture, on n’est jamais déçu. Elle reste une des grandes racines de la culture européenne contemporaine.
En cet automne 2021, mon pèlerinage a commencé fort. Par la remise d’un petit trousseau de trois clés me rendant pour 24 heures l’heureuse locataire de la « Grand Suite » du si raffiné château de Schönbrunn, le palais d’été des Habsbourg construit, au XVIIIème siècle dans l’esprit du Château de Versailles.
Un appartement de 167 m2 avec deux grandes chambres desservies par un long couloir aux murs tendus de soie rouge. Le portrait du jeune François-Joseph y fait face à celui de son épouse Elisabeth dite Sissi.
Deux très grandes chambres et leurs salles de bain respectives, une kitchenette, un petit salon à manger et le salon principal : effet « whouaou » garanti. Cette suite aménagée au cœur même du Palais de Schönbrunn est une expérience en soi. Pour une ou deux nuits (tarif entre 800 et 1 500 € la nuit selon saison) on vit, on mange, on dort entre les murs de l’Histoire dans cet unique appartement proposé à la location.
La suite est installée dans l’aile Ouest, dans les appartements de l’archiduchesse Elisabeth-Marie, fille de l’archiduc Rodolphe et donc petite-fille de François-Joseph (sa préférée dit-on) et de Sissi. Une révolutionnaire aux yeux de la Couronne dans les années 1930 puisqu’elle soutenait financièrement et militait aux côtés des socialistes autrichiens au grand dam de sa famille.
Une fois les clés remises par le Park Hotel Schönbrunn tout proche du château, vous voilà royalement et impérialement installé dans ce palais, le monument le plus visité d’Autriche avec plus de 2 millions et demi de visiteurs par an.
De votre salon ou de votre lit la vue sur les 160 hectares du parc, fermé au public à la nuit tombée est imprenable d’autant que droit devant les fenêtres, le regard se pose sur la célèbre Gloriette qui identifie immédiatement Schönbrunn.
Ne restent à bord, jusqu’à la réouverture le lendemain matin, que les gardiens … et vous dans vos appartements. (réservation : suite@austria-trend.at)
Quoi de neuf cette année ?
Le matin tôt, juste avant l’arrivée des touristes, rien ne vous empêche d’aller faire un footing dans le parc avant de songer sérieusement à revenir au monde contemporain et à vous mêler aux Viennois dans les rues, les cafés, les musées, les salles de concert de la capitale autrichienne. Ou même dans la forêt viennoise joignable en simple bus. Il faut dire que la quantité et la variété des choses à faire dans Vienne fait qu’à chaque nouvelle visite de la ville, la découverte est toujours assurée.
Jusqu’en février 2022, le Belvédère, écrin historique des œuvres de Gustav Klimt expose les toutes dernières œuvres du peintre avant sa mort en 1918. La Dame à l’Eventail et La Mariée, deux très grands formats ont été prêtés au Belvédère pour cette exposition.
La Dame à l’Eventail notamment n’avait été exposé qu’une seule fois, en 1920. Le tableau est exposé ici parmi d’autres œuvres tardives et inachevées de l’artiste. (www.belvedere.at/en/lady-fan)
Côté musées, en plus du Quartier des Musées, la Ville vient d’ouvrir l’Albertina Modern (www.albertina.at/en/albertina-modern) . Les Habsbourg ayant accumulé quelque six millions d’œuvres d’art, une partie seulement est exposée au musée Albertina.
Désormais dans un grand bâtiment totalement distinct les œuvres de l’art moderne. Jusqu’à fin janvier prochain, la thématique de l’exposition temporaire est « Egon Schiele et ses successeurs ».
Et puis pour qui s’intéresse à son œuvre qui s’est répandue dans le monde entier, le musée Sigmund Freud (www.freud-museum.at) vient de rouvrir entièrement réaménagé.
Au 19 Berggasse on peut ainsi visiter l’ancien appartement et le cabinet de consultation ou vivait le fondateur de la psychanalyse avant de devoir émigrer à Londres à l’avènement de la période nazie.
Et toujours…
Selon l’humeur du jour, on s’installe au Café Central ou l’un des autres cafés historiques, on s’offre une soirée à l’Opéra ( il y a spectacle quasiment tous les soirs ), un concert dans la salle dorée du Musikverein, on visite ou re-visiter la splendide cathédrale, on passe une journée au Prater pour vérifier que la Grande Roue s’y trouve toujours ou bien on regarde vivre les quartiers branchés du côté du Biedermeierviertel proche du Quartier des Musées ou le Freihausviertel avec le Naschmarkt et ses innombrables boutiques de créateurs et restaurants de toute sorte.
En une heure de temps on peut même aller visiter, en naviguant sur le canal du Danube ou par train, la capitale slovaque voisine de Bratislava et sa vieille ville entièrement piétonne. Vienne est très diverse et se plie à tous les goûts et tous les âges dont la moitié de la surface est laissée à la nature.
Vienne est une de ces villes où le stress ne semble pas avoir droit de cité. Sans doute l’une des raisons qui ont fait d’elle à plusieurs reprises d’être citée en tête des villes les plus agréables à vivre au monde.
Texe et photos : Evelyne Dreyfus
Plus d’informations :
www.vienna.info/fr
Guide du Routard : Vienne et ses environs